"Que le renouvellement de votre jugement vous transforme !" (Rm 12,2)

Dieu nous a créés à son Image. Il nous a dotés d'une intelligence et d'une volonté. Nous sommes capables de scruter le monde et de sonder les personnes et les choses, et nous pouvons mener notre vie en toute liberté. Lorsque nous considérons l'évolution étonnante des dernières décennies, nous sommes émerveillés de voir ce dont l'intelligence humaine est capable. Mais nous devons aussi reconnaître que cette évolution a deux facettes : si la technique moderne nous permet de construire et d'édifier, elle est en même temps un instrument de destruction et de guerre. Les moyens de communication sociale sont porteurs de grands atouts, mais aussi de grands dangers. Nos propres pensées ne sont pas toujours justes et bonnes. Elles peuvent être erronées et dresser des obstacles dans nos relations avec les autres.

 

Comme croyants, nous savons que tout notre être, et donc aussi le monde de notre pensée, a besoin d'être purifié et renouvelé. Mais comment utiliser notre intelligence comme chrétien ?  En quoi consiste le renouvellement de notre pensée ?  Cette méditation veut nous conduire à l'écoute de saint Paul afin d'apprendre, comme lui, à penser de façon croyante. Nous entendrons également Mère Julia Verhaeghe, Fondatrice de la Famille Spirituelle "L'Oeuvre", pour qui saint Paul était "un guide spirituel et un frère très aimé".

Les merveilles de Dieu sont contenues dans deux livres : le livre de la nature et le livre de la Révélation. Lorsque nous contemplons l'oeuvre magnifique de la création et que nous observons son étendue incommensurable, sa structure fascinante, son ordre et son efficacité, nous pouvons reconnaître, avec notre intelligence, la grandeur incommensurable de Dieu, le Créateur. C'est ce que dit saint Paul lorsqu'il écrit au sujet des païens : "Ce qu'on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité." (Rm 1,9-20).

 

Ce qui nous est donné de saisir avec notre intelligence dans le livre de la nature, nous pouvons le discerner plus clairement dans le livre de la Révélation : un Dieu personnel, qui aime chacun de nous. En nous donnant son Fils, fait homme, Dieu veut nous offrir la rédemption des péchés et la vie en plénitude. Pour accueillir cette Bonne Nouvelle de la Révélation, il est indispensable de s'ouvrir à la grâce rédemptrice de Dieu, à "la foi opérant par la charité" (Ga 5,6).

 

La foi et la raison ne sont donc pas contradictoires, mais s'enrichissent réciproquement. De nombreux arguments lucides étayent notre foi, même si celle-ci est cependant un don de Dieu qui dépasse largement notre pensée purement humaine. Nous devons ouvrir notre intelligence à la lumière de la foi pour qu'elle soit croyante, illuminée de la lumière du Christ. Dans son encyclique Fides et ratio le Pape Jean-Paul II nous explique que : "La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. C'est Dieu qui a mis au cœur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même." (Introduction).

Au cours de ses voyages missionnaires, Paul a fondé de nombreuses communautés chrétiennes, dont celle de la grande ville de Corinthe où il a pu expérimenter l'action souveraine de la grâce du Christ. Mais la division, l'hérésie et de graves abus mettaient cette communauté en péril. Encore jeunes dans la foi, les chrétiens de Corinthe devaient apprendre à tenir bon au sein d'une ville pleine de dangers et de détresse morale. Saint Paul les guidait comme un père spirituel, avec bonté et fermeté (cf. 1 Co 4,15).

 

Un jour l'Apôtre, saisi d'un grand souci et d'un zèle sacré, leur écrivit : "J'éprouve à votre égard une jalousie divine; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. Mais j'ai bien peur qu'à l'exemple d'Ève, que le serpent a dupée par son astuce, vos pensées ne se corrompent en s'écartant de la simplicité envers le Christ." (2 Co 11,2-3). La tragédie du premier péché se situe en effet dans le fait que nos premiers parents ont éloigné leur pensée de Dieu, et leur confiance en Dieu s'est transformée en suspicion. Paul mène un "combat d'amour" avec les chrétiens de Corinthe, afin que leur pensée ne se détache pas du Christ mais plutôt qu'ils soient préservés dans un abandon pur et sincère à sa Personne.

 

Le chrétien croyant reste attaché au Christ. Dans sa pensée il ne laisse aucune place au mensonge, aux vérités partielles ou à la dissimulation. "Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer le Seigneur de l’augmenter ; elle doit agir par la charité." (Catéchisme de l'Église Catholique, n° 162).