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La vie dans le Seigneur Eucharistique

selon l’exemple de Mère Julia

L’Encyclique Ecclesia de eucharistia commence avec les mots : “L’Eglise vit de l’Eucharistie” (nr. 1).
 

Cette vérité vaut aussi pour chaque diocèse ou communauté ecclésiale, pour chaque paroisse, chaque famille chrétienne et chaque croyant. Nous tous, nous vivons de l’Eucharistie. “La très Sainte Eucharistie contient en elle-même la valeur salvifique dans sa totalité, le Christ Lui-même, notre Agneau Pascal et le Pain Vivant. Par sa chair qui vit par l’Esprit Saint et fait naître la vie, Il donne aux hommes la vie” (Concile du Vatican II, PO5). Suivons donc l’invitation du Saint Père et laissons-nous, de manière renouvelée, saisir en cette année de l’Eucharistie par ce grand mystère de notre foi.

Mère Julia Verhaeghe (1910-1997), la fondatrice de la Famille spirituelle de “L’Oeuvre”, est pour nous un grand exemple et un maître authentique en ce qui concerne l’union que nous pouvons quotidiennement entretenir avec le Christ dans l’Eucharistie. Dès ses plus jeunes années, Dieu a éveillé dans son cœur, l’amour de l’Eucharistie.


Mère Julia était entièrement imprégnée du mystère de la Sainte Eucharistie. Participer à la Sainte Messe et être auprès du Seigneur eucharistique était pour elle le plus grand bonheur voire même un avant-goût de la grandeur du ciel. Un jour elle écrivit : “Il me semble être plongée dans la puissance, la miséricorde et la fécondité du Sacrifice de la Messe. Une joie profonde, une reconnaissance indicible ainsi qu’un amour en retour remplissent toute ma nature et tout mon être.” Souvent elle restait longtemps devant le tabernacle. C’est là qu’elle recevait toujours de nouveau du Seigneur une paix surnaturelle, un profond discernement ainsi qu’une nouvelle puissance de vie.

 

Le don du Cœur de Jésus
 
Mère Julia éprouvait une grande prédilection à la contemplation de l'Ecriture Sainte, en particulier aux passages consacrés à la Dernière Cène. Ceux-ci lui parlaient intérieurement de la parfaite disposition du Christ à l’acceptation de sa souffrance, lui montraient à quel point les Apôtres furent bouleversés par ses paroles graves et comment les ténèbres gagnèrent l’âme de Judas. Mais avant tout elle voyait le Cœur de Jésus qui débordait d’amour et de désir : “J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir” (Lc 22,15).
Durant la Dernière Cène le Seigneur a prononcé sur le pain et le vin ces paroles mystérieuses : “Ceci est mon Corps livré pour vous…Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, versé pour vous” (Lc 22, 19-20). Voici ce qu’écrivait Mère Julia : “Avec ces paroles, Jésus institua la Sainte Eucharistie ainsi que le Sacerdoce. Ce sont les deux grands dons de son amour qu’Il a transmis à son Eglise lors des moments d’affliction à l’heure de son départ. Ce sont des institutions divines qui découlent de son Cœur débordant d’amour.” L’Eucharistie est le don le plus grand que le Seigneur ait pu nous offrir, le don de Lui-même. Comment pourrions-nous traiter l’Eucharistie de manière superficielle ou négliger la sanctification du dimanche alors que le Christ nous a confié dans ce Sacrement son sacrifice de salut, son amour, son Cœur !
Seigneur, permettez-moi d’être la petite goutte d’eau dans le calice du prêtre qui Vous présente le Sacrifice, celle qui s’unit au vin et qui s’y mêle. Mère Julia

Depuis sa jeunesse, Mère Julia s’efforçait d’assister de manière active et consciente à la Sainte Messe. Elle désirait prendre part aux différents moments de la Messe avec une foi vive. Avec un grand amour, elle s’unissait au Sacrifice que le prêtre rendait présent à l’autel. Une prière qui lui devint particulièrement précieuse au cours des années fut celle que le prêtre prononce lors de la préparation des offrandes quand il verse un peu d’eau dans le calice rempli de vin : “Comme cette eau se mêle au vin pour le Sacrifice de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité.”


Dans cette goutte d’eau, Mère Julia se reconnaissait elle-même et sa propre mission. Dans une prière elle le manifeste tout particulièrement : “Seigneur, permettez-moi d’être la petite goutte d’eau dans le calice du prêtre qui Vous présente le Sacrifice, celle qui s’unit au vin et qui s’y mêle.” La petite goutte d’eau signifie son don total à “L’Oeuvre” et pour les âmes, son désir ardent de voir des prêtres et des religieux fidèles, son expiation pour les blessures dans l’Eglise, sa prière pour les détresses du monde. Tout cela, elle le déposait dans le calice du prêtre au moment de la Messe, de même que sa prière pressante, afin que Dieu daigne accepter en même temps que le Sacrifice de son Fils bien-aimé, le sien pour qu’Il le fructifie en vue du salut de beaucoup.


Nous pourrions nous aussi rendre nôtre cette disposition fondamentalement eucharistique. Souvent nous pensons devoir accomplir seuls nos devoirs et résoudre nos difficultés et nous sommes déçus lorsque cela ne nous réussit pas. Ne serait-ce pas là un acte de foi ainsi qu’un vrai soulagement de confier au Seigneur nos soucis professionnels et familiaux lors du Sacrifice de la Messe et d’y intégrer les grands défis de l’Eglise et du monde, d’unir au don du Christ même notre propre don de nous-même, notre propre engagement, notre disposition au sacrifice ? Celui qui fait cela, avance pas à pas vers “l’être offrande avec l’Offrande” (Mère Julia) et découvre à quel point la Messe est liée au quotidien et le quotidien lui-même à la Messe.

 

»La très Sainte Eucharistie contient en elle-même la valeur salvifique dans sa totalité, le Christ Lui-même, notre Agneau Pascal et le Pain Vivant. Par sa chair qui vit par l’Esprit Saint et fait naître la vie, Il donne aux hommes la vie.«
Concile du Vatican II
Le sacrement de l’unité
 
Dans l’Encyclique sur l’Eucharistie, le Pape Jean-Paul II écrit : “Aux germes de désagrégation entre les hommes, qui, à l’expérience quotidienne, apparaissent tellement enracinés dans l’humanité à cause du péché, s’oppose la force génératrice d’unité du corps du Christ. En faisant l’Eglise, l’Eucharistie crée proprement pour cette raison la communauté entre les hommes” (nr. 24).

Mère Julia, qui était investie d’un charisme “dont la grâce et la mission spécifiques sont essentiellement l’adoration et l’unité” rappelait maintes fois que la véritable unité ne pouvait pas être réalisée par nous. La foi, la conversion, et la collaboration de chacun sont certes importants. Mais finalement, l’unité vient de Dieu. Il nous l’offre en tout premier lieu par la Communion : “Grâce à la participation au Corps et au Sang du Christ dans la Sainte Communion, qui nous permet d’entrer dans son mystère et nous transforme, l’unité s’établit de plus en plus en nous et nous lie entre nous comme une Famille de Dieu”.

L’Eucharistie est le don le plus grand que le Seigneur ait pu nous offrir, le don de Lui-même.

La Sainte Communion nous unit au Seigneur et entre nous. Ceci vaut pour chaque communauté et chaque famille. C’est pourquoi nous invitons les époux et leurs enfants à aller autant que possible ensemble à la Messe du dimanche et à recevoir ensemble le Corps du Christ. Ainsi l’amour et l’unité de la famille seront renforcés par le Seigneur Lui-même. La Sainte Communion doit être quelque chose de grand, de sacré : c’est là que Jésus-Christ vient réellement parmi nous avec sa Chair et son Sang, avec son Corps et son Ame, comme vrai Homme et vrai Dieu. C’est à ce moment-là, qu’Il nous unit comme frères et ses sœurs. Allons donc à la table du Seigneur avec grande foi ! Persévérons donc après la Communion dans l’adoration et l’action de grâces, dans la prière réparatrice pleine d’amour ainsi que dans l’intercession confiante les uns pour les autres ainsi que pour l’Eglise. Souvenons-nous souvent de la Sainte Communion reçue ! Ce sera notre force pour observer les Commandements, pour témoigner courageusement de notre foi, pour rester forts dans les tentations et pour maintenir la communion avec Dieu.

Le respect du Sacré
 
Le long de sa vie Mère Julia a toujours insisté sur le fait qu’il fallait maintenir au Sacré son caractère sacré. Comme l’Eucharistie est le Saint des Saints, il est naturel que le respect dû à ce sacrement était particulièrement important pour elle. Face aux tendances à la désacralisation de la liturgie et des églises, dont elle souffrait beaucoup, elle soulignait la profonde signification de l’atmosphère sacrée ainsi que de la digne célébration des offices : “Il faut entourer de toute la splendeur possible les tabernacles qui gardent la Sainte Présence eucharistique, et ceci comme l’expression du respect dû à la majesté divine du Roi des rois. Il faut mettre tout le soin possible à ce que chaque investigation et chaque utilisation des choses créées destinées au service sacré de Dieu aient en vue d’exprimer le respect profond envers la Majesté de Dieu, et l’exprime”.
 
Suivant l’exemple de Mère Julia, le respect de la Sainte Eucharistie doit être pour nous une préoccupation importante. C’est ce qui soutient notre fidélité dans l’observance des normes liturgiques tels qu’ils ont été rappelés dans l’Instruction Redemptoris sacramentum. Des expressions concrètes de notre respect sont par exemple la génuflexion consciente en entrant à l’église, l’attitude digne, l’évitement des conversations inutiles dans la Maison de Dieu, la participation active et pleine de foi à la Sainte Messe, la préparation consciencieuse à la Sainte Communion, mais également la réception croyante du Sacrement de réconciliation, la reconnaissance pour le grand don de la Communion eucharistique, l’adoration prolongée devant le tabernacle.
 

Mère Julia renvoyait toujours à nouveau les personnes au Christ-Jésus qui reste présent parmi nous, dans les sacrements et particulièrement la Sainte Eucharistie. Plusieurs années avant sa mort, elle souhaitait qu’on inscrive sur sa pierre tombale :

» L’Amour de Dieu miséricordieux et juste vous cherche, vous attend. Allez à Lui dans la Sainte Eucharistie.«
Mère Julia