La Famille spirituelle "L'Oeuvre"
"Que le renouvellement de votre jugement vous transforme !" (Rm 12,2)
Avec saint Paul, apprendre à penser dans la Foi: 2ième part:
L'obéissance de la raison
L'apôtre Paul a mené de nombreux combats spirituels. En effet, l'évangélisation du monde implique l'opposition aux forces qui se dressent contre la Vérité et l'Amour de Dieu. Il écrivit à ce sujet : "Les armes de notre combat ne sont point charnelles, mais elles ont, au service de Dieu, la puissance de renverser les forteresses. Nous renversons les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée captive pour l'amener à obéir au Christ." (2 Co 10,4-5). L'Apôtre parle ici des sophismes qui empêchent l'homme de reconnaître Dieu, et il leur déclare le combat.
Notre vie est-elle marquée par de tels sophismes ? Oui, cette tentation n'épargne personne ! Notre pensée est alors tourmentée et notre intelligence produit une profusion de pensées. Les causes d'un tel flot de pensées peuvent être très diverses : la crainte ou les soucis, une disposition intellectuelle particulière non encore purifiée de l'amour propre, l'orgueil ou la jalousie, la curiosité, l'ambition ou la susceptibilité. Ces sophismes deviennent dangereux lorsqu'ils se dressent, comme un mur, entre nous et le Dieu vivant. Ils peuvent alors altérer gravement notre confiance en Dieu et, par conséquent, détériorer fortement nos relations avec les autres.
Paul nous conseille de soumettre le flot de nos pensées au Dieu vivant, et de ne pas badiner avec des jugements qui se dressent contre Dieu et le prochain, contre la vérité et la bonté. Il faut soumettre ces pensées à Dieu. Mère Julia nous invite "à oser l’abandon de la foi dans la paix, sans se replier sur soi dans des pensées égoïstes, à avoir confiance en la Providence divine dans la joie, sans entamer de vaines discussions ou des querelles de mots, à servir dans la reconnaissance et l'amour, sans nuire à l'unité par des critiques acerbes".
Le renouvellement du jugement
Dans le dernier paragraphe de sa Lettre aux Romains, Paul montre bien que la foi chrétienne exige la purification du jugement : "Ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait." (Rm 12,2). Celui qui veut reconnaître la volonté de Dieu doit renouveler son jugement.
Il nous arrive régulièrement de prendre notre propre volonté pour la volonté de Dieu et de considérer nos plans comme étant les plans de Dieu, alors que la volonté de Dieu dépasse notre pensée souvent trop humaine. Si nous sommes disposés à ne pas nous adapter au monde et si nous nous laissons continuellement transformer par Dieu – aussi dans notre façon de penser - alors nous reconnaîtrons toujours plus clairement la volonté de Dieu, ce qui est bon et parfait à ses yeux.
La Parole de Dieu et les Sacrements sont indispensables pour pouvoir renouveler notre jugement, tout autant que le détachement intérieur de nous-mêmes. Cette attitude nous introduit alors dans le monde éminent de Dieu. Dans sa Lettre aux Éphésiens, l'Apôtre des nations nous parle de cette transformation d’une créature éloignée de Dieu en celle qui se rapproche de Lui. "Je vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l'ignorance qu'a entraîné chez eux l'endurcissement du coeur, et, leur sens moral une fois émoussé, ils se sont livrés à la débauche au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d'impureté. Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l'avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, à savoir qu'il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement." (Eph 4,17-23).
S'ouvrir à la Vérité
Dans sa deuxième Lettre à Timothée, Paul parle des temps derniers et des personnes qui se ferment à la vérité. Il met son disciple bien-aimé en garde contre ceux qui sont toujours prêts à s’instruire, mais qui "ne sont jamais capables de parvenir à la connaissance de la vérité. A l'exemple de Jannès et de Jambrès qui se dressèrent contre Moïse, ils se dressent, eux aussi, contre la vérité, hommes à l'esprit corrompu, sans garantie en matière de foi." (2 Tm 3,7-8).
L'intelligence humaine ne suffit pas pour parvenir à la connaissance profonde de la Vérité de Dieu. S'il en était ainsi, les personnes dotées d'une grande intelligence trouveraient Dieu plus facilement que les autres. Et, comme Paul nous le dit, les connaissances acquises ne conduisent pas forcément à Dieu. Pour trouver la bonne voie, notre pensée et notre savoir nécessitent une attitude morale de base qui inclut tout particulièrement l'humilité, la pureté des intentions, la loyauté envers soi-même et l'ouverture de l'esprit, aussi en ce qui dépasse le domaine du visible, ce que l’on peut expérimenter ou mesurer, cette ouverture d’esprit avant tout pour Dieu. Le Pape Benoît XVI nous exhorte à faire nôtre cette attitude : "Celui qui exclut Dieu de son horizon fausse le concept de 'réalité' et, par conséquent, ne peut finir que sur des chemins erronés et avec des recettes destructrices. ... Seul celui qui reconnaît Dieu connaît la réalité et peut répondre à celle-ci de manière adéquate et réellement humaine. La vérité de cette thèse apparaît avec évidence devant l'échec de tous les systèmes qui mettent Dieu entre parenthèses." (Discours d'ouverture à Aparecida, le 13 mai 2007, n° 3).