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La Famille spirituelle „L’Œuvre“

Avec saint Paul, apprendre à penser dans la Foi - 3ieme part

"Que le renouvellement de votre jugement vous transforme !" (Rm 12,2)

Après avoir médité quelques paroles de l'apôtre Paul sur le renouvellement du jugement, nous voulons considérer quelques éléments pratiques qui peuvent nous aider à maintenir notre esprit dans sa relation avec le Christ.
 
 
Être à l'écoute de l'Esprit de Dieu !
 
L'Esprit Saint est le divin Souffleur qui insuffle dans notre coeur des pensées de vérité et de bonté. Une façon de penser croyante et la voix de la conscience Lui permettent d'ouvrir notre esprit aux pensées de Dieu qui éclairent, purifient et élargissent notre jugement humain. Le prophète Isaïe l'évoque déjà : "Vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yahvé. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées." (Is 55,8-9). Mais outre ce Souffleur divin, un autre souffleur se fait entendre. Il s'agit du diable dont Jésus dit : "Il était homicide dès le commencement et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui : quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge." (Jn 8,44). Il veut embrouiller notre jugement et nous écarter du Christ. Ne prêtons pas l'oreille à ce souffleur malveillant, qui nous inspire des pensées fausses et égoïstes, et qui veut nous éloigner du bien.
 
 
Veiller à son jugement !
 
Le chrétien considère l'intelligence comme étant un don éminent de Dieu. Mère Julia écrit : "En donnant à l'homme l'intelligence, Dieu, le Père et le Créateur, a voulu établir un lien intime entre Lui et sa créature. Ce don permet à l'homme de s'approcher de Lui et de prendre part à l'oeuvre de la création. Le don de l'intelligence doit permettre à l'homme de servir Dieu et d'aimer sincèrement son prochain, grâce aux découvertes et au développement de la science.". Le chrétien n’est pas un paresseux spirituel. Il a, au contraire, un esprit éveillé. Mais il sait aussi que les conséquences du péché originel et du péché personnel ont affaibli les capacités spirituelles et donc aussi l'intelligence. Cela nécessite une grande vigilance pour éviter au croyant de s'égarer dans son jugement ou de manquer de discernement par orgueil ou par d’autres passions qui l’aveuglent.
 
Certaines pensées futiles de la fantaisie et du rêve peuvent nous éloigner de la réalité et nous détourner du devoir et de la prière. D'autres pensées dangereuses peuvent se propager comme des cellules cancérigènes, avec une rapidité étonnante. Jésus nous a appris à combattre résolument de telles pensées dès qu'elles se présentent. Au sujet de la fidélité conjugale Il dit par exemple : "Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras pas l'adultère. Eh bien! moi je vous dis: Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son coeur, l'adultère avec elle." (Mt 5,27-28). L'infidélité dans la vie conjugale commence dans de très petites choses : un regard indiscipliné ou un fantasme incontrôlé. L'infidélité dans la vie du baptisé, du prêtre ou de la personne consacrée commence également dans de très petites choses. Nous devons donc nous exercer à la vigilance.
 
Lorsque Mère Julia nous dit "Rechercher la lumière avec la Lumière et non avec vos propres ténèbres", elle nous donne un avertissement très concret pour notre vie quotidienne. La lumière de la foi nous aide à reconnaître la qualité intérieure de notre jugement : est-il clair ou obscur, bon ou mauvais, salutaire ou nocif, vrai ou faux ?  Le chrétien adulte dans la foi s'engage à élaguer de son jugement les pensées nuisibles. Animé d'un jugement bon et de pensées bienveillantes, il tend vers le Christ en se détournant des pensées obscures que sont l'orgueil, le mensonge, la méchanceté. S'il n'agit pas ainsi, il risque de faire ébranler jusqu'aux obligations les plus saintes auxquelles chaque chrétien s'engage. Mais le diable ne peut accomplir son oeuvre que "lorsque l'intelligence humaine – qu'elle soit formée ou non – lui laisse le champs libre pour détourner la vérité, simuler un faux-semblant ou tromper par une communication mensongère." (Mère Julia Verhaeghe)
Faire la volonté de Dieu !
 
La personne qui accomplit la volonté de Dieu se construit un coin de paradis sur terre. Elle se détache intérieurement de ses perceptions, de ses plans et de ses désirs personnels, afin de s'ouvrir uniquement à ce que Dieu lui dispense par la Sainte Écriture, le Magistère de l'Église, la voix de la conscience ou d’autres personnes. De plus, le prêtre, tout comme la femme ou l'homme consacré à Dieu, s'ouvre tout particulièrement à la parole de ses supérieurs ecclésiastiques. La soumission croyante du jugement propre à la volonté de Dieu peut coûter des efforts et provoquer une douleur spirituelle. Mais une telle voie de purification n'est pas une humiliation ou une dégradation de notre jugement. Bien au contraire, c’est un enrichissement et une purification. Notre intelligence humaine doit traverser le mystère pascal pour se transformer en une intelligence chrétienne.
 
Lorsque nous soumettons notre jugement à celui de Dieu, nos pensées retrouvent la paix, et la promesse du Christ s'accomplit : "Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre coeur ne se trouble ni ne s'effraie." (Jn 14,27). L'obéissance à la vérité procure une grande vitalité au jugement, tout en le comblant de sagesse. Elle nous permet de nous dépasser et de rendre possible ce qui, de prime abord, semblait impossible. Nous unir aux pensées de Dieu par des actes de foi et d'amour, nous permet de goûter déjà un peu cette paix qui nous est promise pour l'éternité.
S'entretenir avec Dieu et non seulemenet avec sa propre personne
 

Il arrive à chacun, et toujours à nouveau, de s'enchevêtrer dans son propre monde de pensées. En plus de la grâce purifiante et sanctifiante de Dieu, il faut surtout une force de caractère si l'on veut se dégager de ce labyrinthe, que Mère Julia appelait le raisonnement trop humain. Celui qui s'installe dans ces embrouillements peut perdre beaucoup de temps, de forces et même le sommeil. Mais pour que la volonté soit guidée par la lumière de la conscience il faut, comme le dit Mère Julia, "diriger très consciemment ses pensées pour les soumettre à Dieu". La volonté humaine, fortifiée par la grâce de Dieu et le sacrifice, arrive à bien conduire son jugement et à transformer l'aparté en un dialogue avec le Seigneur, un échange amical avec Dieu et avec les autres. Le Christ éclaire l'esprit humain qui se tourne vers Lui. Alors la pensée humaine trouve des solutions que l'intelligence seule n'a pas pu trouver. C'est ainsi que s'accomplit également le souhait de saint Paul : "Que le Dieu de paix vous sanctifie Lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ !" (1 Th 5,23).

 

S'accoutumer aux pensées qui bénissent
 

Mère Julia a bien souvent parlé des pensées qui bénissent. Une pensée qui bénit peut-être un mot ou une invocation comme par exemple l'invocation du nom de Jésus ou de la Vierge Marie, une prière courte comme "Coeur sacré de Jésus, aie pitié de nous", la récitation du Gloire au Père ou d'une louange comme le Sanctus que nous chantons durant la Messe au début de la Prière eucharistique. Une pensée qui bénit peut encore être une pensée bienveillante ou de pardon, une pensée de bonté ou de générosité ou un passage de l'Écriture Sainte. Ces pensées nous aident à exercer la charité véritable et à découvrir dans les autres ce qu'il y a de plus beau et de plus noble. Il est bon de s'accoutumer aux pensées qui bénissent. A l'heure de l'épreuve, de la purification ou de la tentation, nous aurons alors une ancre d'espérance pour soutenir notre pensée.

 

Purifier notre pensée
 

La mémoire est l'une des capacités intérieures les plus importantes. On pourrait la comparer à un grand magasin, ou à un ordinateur, dans lequel est stocké tout notre passé. Si nous voulons être heureux, nous devons procéder régulièrement à un grand nettoyage de notre mémoire. C'est dans ce sens que Paul exhorte les Corinthiens : "Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu." (1 Co 7,1). Le corps peut être impur, l'esprit aussi peut l'être. Certains éléments de notre esprit et de notre mémoire peuvent devenir nuisibles, et si nous ne les supprimons pas ils engendreront de nouveaux péchés. Il est tellement important de ne pas perdre de vue les bienfaits de Dieu sur notre vie, et de le remercier pour sa bonté !  Mais il est tout aussi important d'abandonner avec confiance le souvenir des oeuvres du Malin à la Miséricorde de Dieu. Mère Julia décrit cet acte de purification de la mémoire comme suit :"Que ce soit aujourd'hui le jour où nous en finissons une fois pour toutes avec le passé, avec ce qui est terminé. Oublions tout ce que nous avons stocké dans notre mémoire au cours des années écoulées. Que ce soit le jour où nous brûlons les livres de dettes, les registres et les dossiers que nous avons conservés dans le coeur !  Faisons-le dans le feu de l'Amour miséricordieux !"

La sanctification de la pensée dans le Sang du Christ et la soumission du jugement à la Bénédiction de Dieu
 
Le Christ est le Sauveur du monde. Il apporte la guérison à la nature humaine tout entière. Il purifie notre esprit pour nous permettre de Le reconnaître et de L'aimer. La consécration de la Messe est l'instant qui convient le mieux pour implorer un jugement lumineux et croyant. Au moment où le prêtre élève le calice, nous pouvons demander au Seigneur d'irriguer notre pensée de la force rédemptrice de son Sang, afin de pouvoir mieux connaître et mieux saisir sa vérité. Demandons-Lui aussi de nous préserver des égarements et des fourvoiements. Nous pouvons solliciter cette grâce les uns pour les autres.
 
Lorsque nous recevons la bénédiction sacerdotale, ou que nous nous touchons le front en traçant le signe de la croix, nous voulons demander au Seigneur de nous inspirer les pensées justes dont nous avons besoin pour le travail qui nous est confié, les décisions que nous devons prendre et le jugement que nous devons porter. Lorsque nous reconnaissons notre dépendance vis-à-vis de Lui, Dieu accorde la sagesse à notre jugement et la paix à notre esprit, comme l'exprime saint Paul : "Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos coeurs et vos pensées, dans le Christ Jésus !" (Ph 4,7).
Au moment où le prêtre élève le calice, nous pouvons demander au Seigneur d'irriguer notre pensée de la force rédemptrice de son Sang, afin de pouvoir mieux connaître et mieux saisir sa vérité.

lecture du 1° part

lecture du 2° part